Et si on apprenait à mieux gérer notre stress au travail en apprivoisant notre système nerveux? C’est la question qu’on a explorée lors de notre Town Hall trimestriel, en compagnie de Béatrice Ayotte – kinésiologue, professeure de yoga et détentrice d’une maîtrise en neurosciences.
On a plongé dans les méandres de notre système nerveux pour comprendre comment nos états internes influencent notre présence d’esprit. Bonne nouvelle : le stress n’est pas une fatalité. On peut l’apprivoiser – et même en faire un allié – à condition de comprendre le rôle du système nerveux et de savoir comment travailler avec lui.
Le système nerveux : pas un ennemi, un régulateur
On a souvent tendance à traiter le stress comme un problème. En réalité, c’est une fonction intégrée et pilotée par notre système nerveux.
Le système nerveux sympathique = mode survie, alerte, action. On dit souvent qu’il active le fight or flight, notre fonction primale de survie. Le parasympathique = mode de récupération, de repos. L’objectif, ce n’est pas de bannir le stress, mais de développer l’habilité de naviguer entre les deux états. Ce qui pose problème, c’est quand on reste « coincé » dans un des deux modes.
Le nerf vague, ce communicateur zen
Le nerf vague est le nerf principal de notre système parasympathique. Il relie le cerveau aux organes internes (cœur, poumons, intestins…) et joue un rôle crucial dans notre capacité à nous réguler.
Mais attention : ce n’est pas un « nerf relax ». C’est un nerf de communication, qui capte et transmet des signaux sur l’état du corps. Le transfert d’information est bidirectionnel : du cerveau au corps (20 %) et du corps au cerveau (80 %). Il est responsable de ce qu’on appelle l’intéroception, cette capacité à ressentir ce qui se passe en nous – nos tensions, notre souffle, notre rythme cardiaque.
C’est lui qu’on peut activer consciemment pour sortir de l’emballement. Et l’outil le plus direct pour y parvenir ? La respiration.
Respirer, pour de vrai
Respirer, on le fait déjà. Mais respirer consciemment, c’est autre chose.
Le contrôle de notre respiration a un effet direct sur le corps. Béatrice nous a partagé différents exercices, soutenus par la science, pour explorer l’impact direct :
– Le soupir physiologique, pour réactiver le système nerveux parasympathique : inspirer une première fois par le nez jusqu’à remplir complètement les poumons, inspirer un peu plus quand on pense qu’on est à pleine capacité, puis expirer complètement par la bouche.
– La respiration rythmée, pour rétablir l’équilibre sympatho-vagal : inspirer 5 secondes et expirer 5 secondes, et répéter pendant quelques minutes.
– La respiration de stimulation (hyperventilation contrôlée), pour activer le système nerveux sympathique : inspirer et expirer rapidement par le nez une vingtaine de fois, retenir le souffle, puis relâcher.
Ces techniques ne demandent ni matériel ni formation longue – juste un peu d’attention.
Bouger, ressentir, intégrer
Autre levier clé : le mouvement. Pas besoin de courir un marathon – on parle ici de mouvements conscients, de type yoga, marche lente ou même simples changements de posture au bureau.
Ce qui compte, c’est l’intéroception : être à l’écoute de ce qu’on ressent en bougeant. Où sont les tensions ? Qu’est-ce qui bouge facilement ? Qu’est-ce qui résiste ? En se branchant sur ces micro-sensations, on renforce la connexion corps-esprit.
Et derrière ça, il y a un concept puissant : la neuroplasticité. Notre cerveau se modifie en fonction de ce qu’on répète. Donc plus on crée des moments de retour au calme, plus on devient capable de les retrouver rapidement. Oui, même après une réunion Zoom qui aurait pu être un courriel.
Créer des espaces qui soutiennent l’équilibre
Chez Spritz, comprendre le stress, c’est aussi créer des conditions concrètes pour mieux y faire face au quotidien. C’est dans cet esprit qu’on a aménagé une salle de méditation au bureau : un espace calme, chaleureux, pensé pour encourager les pauses de recentrage et de respiration consciente pendant la journée.
Ce type d’environnement n’a rien d’un luxe — c’est un levier. Un soutien concret à la régulation du système nerveux, à la récupération après des périodes d’intensité, à la concentration durable. Offrir ce genre d’espace, c’est prolonger dans les murs de l’entreprise ce que la science nous apprend sur le stress : que le retour au calme ne se décrète pas, il se cultive.
Pour aller plus loin
Ce qu’on a vécu avec Béatrice Ayotte n’est pas qu’un moment inspirant : c’est un changement de perspective. Comprendre le stress comme une réponse modulable, et non comme une malédiction, change notre manière de l’aborder au quotidien. On remarque alors une meilleure compréhension de l’autre et une plus grande cohésion dans l’équipe.
Béatrice propose des formations et conférences en entreprise pour approfondir ces outils et aider les équipes à développer des réflexes de régulation efficaces, simples et ancrés dans les neurosciences. Et franchement, on recommande chaudement.
Le stress au travail ne disparaîtra pas par magie. Mais il peut devenir plus gérable, moins envahissant, plus « régulé »… quand on comprend comment notre système nerveux fonctionne.
Chez Spritz, cette exploration fait maintenant partie de notre culture. Parce qu’on croit que prendre soin de soi, c’est aussi cultiver un environnement où on peut performer sans s’épuiser. Et ça commence, parfois, par un simple souffle.